Une journée à Londres avec les classes européennes

Daytripper

Il n’y a pas longtemps, nous avons décidé d’emmener nos élèves de 4ème et 3ème (section européenne) à Londres, pour une journée. Le programme de visite s’est fait assez naturellement, en fonction des horaires de l’Eurostar. Le but était de voir le maximum en une journée : un programme ambitieux, voire marathonien.

Première étape, être à 7h15 sur le quai à Gare du Nord. Ce qui veut dire se lever beaucoup plus tôt vu que je me trouve à 2 km à pied de la gare RER la plus proche. Arrivé sur place, je retrouve une de mes collègues et on attend tranquillement que tous les élèves nous rejoignent.

Nous montons dans l’Eurostar : nous possédons toute une voiture, ce qui est bien pratique pour gérer tout le groupe. On distribue les brochures que certain(e)s commencent à remplir immédiatement. J’ai d’ailleurs matière à quelques BD là-dessus. Nous arrivons à St Pancras 2h15 plus tard.

A Ticket to Ride

Mes collègues se sont chargés de collecter et de changer l’argent dans un bureau de change près de St Pancras qui ne prend pas de commission pendant que je faisais la queue pour acheter nos billets de métro. J’ai fait la queue mais finalement cela n’a servi à rien puisque j’ai laissé passer devant moi au moins une trentaine de personnes.

Tous les guichets sont ouverts (5 si je me souviens bien) et du coup c’est très rapide. On est bien loin des guichets de chez nous ! Le billet des élèves a coûté £1 chacun pour toute la journée, ce qui est vraiment imbattable. Distribution des tickets devant le portillon : celui ou celle qui perd son ticket reste à Londres.

Il y avait quelques problèmes de trafic dans le métro sur la Northern Line : ne voyant pas notre rame arriver à Euston, nous avons effectué un détour en remontant sur King’s Cross St Pancras pour prendre l’autre fourche de la Northern Line, changer à Monument et prendre la Circle Line jusqu’à Embankment. Un petit schmilblick imprévisible qui nous aura fait perdre un peu de temps.

You’ll Never Walk Alone

Arrivés à Embankment, nous marchons sur Victoria Road et apercevons London Eye sur l’autre rive avant de rejoindre Big Ben, the Houses of Parliament, Westminster Abbey. Il fait beau et chaud et on ne tarde pas à enlever blouson et pull pour se balader en t-shirt.

Les élèves commencent à se plaindre qu’ils ont faim : c’est vrai que cela prend du temps de marcher, surtout avec un groupe de 50 qu’il faut sans cesse houspiller pour qu’il reste groupé.

Traverser les routes devient vite un cauchemar : non seulement les passages piétons ne durent pas longtemps mais en plus ils sont souvent en 2 parties asynchrones. Du coup, j’ai assuré l’arrière du troupeau en essayant de ne perdre aucune ouaille.

Nous atteignons St James’s Park, c’est l’endroit idéal pour une pause sandwich. Idéal pour la pause rafraichissante dans l’herbe avec le soleil qui nous tapait sur le museau mais le pollen qui tombait des arbres ce jour-là m’a fait penser à de la neige : il neigeait du pollen à St James’s Park et ce, de manière continue. Ce qui fait qu’au bout d’une demi-heure, nous avions l’air bouffi et irrité d’hamsters hémophiles.

Nous avons alors repris nos bâtons de marche pour finir de traverser le parc et rejoindre Buckingham Palace. Photo de groupe devant le palais ou comment faire apprécier aux autres touristes l’indiscipline totale du groupe de français face à un ordre simple : “regroupez- vous et serrez-vous !”.

En repartant du palais, petit schmilblick à nouveau : nous loupons la bonne direction et sommes obligés de rebrousser chemin. Nous ne sommes pas à 2 km près, hein les enfants ? Bon, ils rechignent quand même. Je trouve un moyen de motiver les filles : “si vous marchez plus vite, il y aura plus de temps pour le shopping !”. Cela fonctionne très bien, par contre pour les garçons je n’ai pas vraiment trouvé de truc, à part le “go go go !” martial qui n’a que très peu d’effet.

Shopping, Pub & Burger King

Nous arrivons à Piccadilly Circus : 30 minutes de shopping pour les élèves. J’en profite pour acheter mon dentifrice favori chez Boot’s, j’en prends 6 tubes, cela devrait me tenir jusqu’au prochain voyage. Je rejoins mes collègues au Tesco, histoire d’acheter quelques gâteaux pour d’autres collègues. Je suis un fan inconditionnel du “buy one, get one free”. C’est un concept que l’on devrait importer.

Time’s up. Il manque quatre élèves à l’appel au pied de la statue. Une collègue se propose de les attendre. Ils s’étaient perdus et n’avaient que quelques minutes de retard. Nous descendons vers Trafalgar Square et la National Gallery. Nelson est toujours à son poste mais il y avait quelques échafaudages sur la place – des traces de l’opération T-mobile peut-être ?

Nous remontons ensuite Charing Cross Road en passant par Leicester Square pour arriver à Tottenham Court Road où nous bifurquons à gauche pour remonter Oxford Street jusqu’à Oxford Circus. Tout le monde est bien crevé à ce stade. Nous laissons 40 minutes de free time aux élèves pendant que nous avisons le pub le plus proche. C’est quand même le must pour nous, nous ne sommes quand même pas venus que pour user nos semelles dans Londres !

Après une demi-pinte (oui, nous sommes vraiment des petits joueurs professionnels) bien rafraichissante, nous faisons un petit point. Il ne nous reste plus qu’à prendre le métro à Oxford Circus pour rejoindre St Pancras.

A St Pancras, nous allons manger au Burger King. Je ne savais pas qu’il n’y avait plus de Burger King en France. C’est bien dommage parce que ce n’est pas mauvais du tout. Cela reste du junk food mais c’est plutôt bon.

Je passe 25 minutes avec ma collègue à distribuer frites, sandwiches, boissons et desserts aux élèves qui sont entassés sur les quelques tables gentiment mises à disposition par le manager. Je suis en nage, m’arrange avec la serveuse pour échanger les quelques sandwiches qui doivent l’être pour raisons religieuses.

Au final, je demande à ma serveuse si elle veut bien m’échanger mon Whopper et mes frites contre des chaudes et elle accepte avec le sourire. Génial. Le dessert, hot apple pie, est vraiment bon. J’ai goûté le cheesecake de ma collègue, c’est moins bon.

Nous repartons à St Pancras. Cette gare est vraiment magnifique : tout est neuf, tout est beau, tout est propre. C’est assez exceptionnel de voir une gare comme celle-là. Même les escalators vous préviennent quand vous arrivez à la fin. Énorme.

Après avoir passé la douane, nous avons environ 45 minutes à tuer dans la salle d’attente. Les gosses ont l’air un peu abattu, rien de tel qu’une bonne journée de marche. Je me dis que le trajet retour va être calme.

Eurostar : restaurant car

Hop, tout le monde en voiture. Finalement, non, le trajet ne sera pas calme. Ils sont tous excités comme des poux, c’est difficilement supportable. Jusqu’à ce qu’une collègue se lève et leur remonte les bretelles. C’est à ce moment-là que le chef de bord nous aborde et nous invite dans la voiture restaurant.

Le temps de désigner deux élèves-shérif pour faire la loi pendant notre absence, nous changeons de voiture. Imaginez ma surprise lorsque le monsieur nous sert du champagne, des noix de cajoue et des petits fruits secs. Après une journée de coaching intensif, c’est comme qui dirait la cerise sur le gâteau !

Eurostar : pilotage

Et bien il y a encore eu mieux. Le monsieur nous propose alors de visiter la cabine de pilotage de l’Eurostar. Oui, vous avez bien lu. Visiter la cabine de pilotage de l’Eurostar.

Nous nous y rendons deux par deux : après avoir traversé tout le train, on nous ouvre la porte de la salle des machines.

Première impression : c’est extrêmement bruyant ! Il faut absolument porter des protections auditives dans cet environnement. On ne peut pas passer de front sur la passerelle, il faut marcher en crabe.

J’aperçois des serveurs qui clignotent, des ventilations partout, une bâche sur le côté du train qui faseye et qui me rappelle que pas grand-chose ne nous sépare de la voie à ce niveau.

Nous entrons dans la cabine de pilotage. C’est moins bruyant mais il faut quand même pas mal élever la voix pour se faire entendre dans cet environnement.

Nous nous présentons au pilote et le bombardons de questions : le train roule à 298 km/h et le paysage défile sous nos yeux. Il y a très peu de boutons de contrôle. Une manette de gaz qui ressemble à celle que l’on trouve sur les bateaux, un indicateur de l’intensité, un télex avec les dernières informations, un indicateur de la vitesse à suivre. C’est à mi-chemin entre un tram et un bus finalement.

Le train traverse les villes à 200 km/h et ne ralentit que pour les passages à niveaux, de manière à passer d’un réseau électrique à un autre sans à coups. J’ai ainsi appris qu’il y avait des réseaux électriques différents : certaines sections sont à 25 000 volts, d’autres ont des intensités différentes.

Le clou : pouvoir s’assoir quelques secondes sur le siège du pilote. Une occasion unique dans une vie je pense et je dois faire partie des rares personnes ayant eu un sésame pour le faire. Un véritable privilège. Nous sommes retournés dans notre wagon complètement extatiques !

Over and out

Arrivés à Paris gare du Nord, tous les gosses ont été récupérés par leurs parents en moins de 15 minutes. Sur la cinquantaine d’élèves, moins de 10 parents nous ont remercié. Typique, c’est comme ça à chaque coup. Cela fait un peu mal la première fois. Ensuite, on compte et on essaie d’améliorer notre score.

J’attrape mon RER et me paie 2 km de marche pour revenir chez moi. Cela tombe bien, cela faisait longtemps que je n’avais pas marché !

Matt

Enseignant-chercheur passionné, Matt Biscay se spécialise dans la littérature et la civilisation anglo-américaine, ainsi que la didactique de l'anglais. Titulaire d'un diplôme de l'Université de Cambridge, il met son expertise au service des étudiants en LLCER anglais.
Ses recherches et son enseignement visent à approfondir la compréhension des cultures anglophones et à développer des approches pédagogiques innovantes. Alliant rigueur académique et ouverture d'esprit, il s'efforce de transmettre non seulement des connaissances, mais aussi une passion pour l'exploration intellectuelle et culturelle du monde anglophone.

9 pensées sur “Une journée à Londres avec les classes européennes”

  1. Eh bien !! Eh bien !!! Moi, je me rends compte de ce que c’est. Bravo. ça doit être épuisant. Mais c’est bien pour les élèves. Londres, nom d’un chien, quelle chance ! Merci pour eux. En plus il faisait beau… C’est si beau l’Angleterre (moi j’ai bien la campagne, où je ne vais jamais, mais je me souviens d’un truc qui m’avait terrifié, je ne sais plus où, des petites routes avec des “blind summit”, ils doivent se tuer sur des routes comme ça?).

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  2. Super résumé, haletant et détaillé : on s’y croirait presque !
    Juste deux questions :
    Vous étiez combien d’accompagnateurs pour combien d’élèves ?
    Leur avez-vous donné des questionnaires à remplir sur place ?
    J’espère que mes 3èmes euro ne seront pas trop agités.
    Je les “briefe” la semaine prochaine (séquence Visit London).

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  3. Hello !

    @Fanette : ah oui, ou alors les “passing places” qui permettent de laisser le passage aux voitures venant dans le sens inverse – sauf qui faut parfois faire une marche arrière d’un kilomètre pour les trouver !!! Good times !

    @Anne : nous étions 6 accompagnateurs pour moins de 50 élèves. On leur a distribué le questionnaire dans l’Eurostar pour qu’ils le commencent et anticipent le reste de la visite. Il n’y a que deux pages qu’ils ne pouvaient remplir (Tower of London, zappée par manque de temps).

    Il faut que je ramasse les questionnaires d’ailleurs. Ils ont eu amplement le temps de tout remplir/améliorer/colorier maintenant.

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  4. @funkzoid : Original Coolmint par Arm & Hammer, qui contient du bicarbonate de soude. C’est un super dentifrice, je n’ai pas trouvé d’équivalent ici.

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  5. ah Burger King … C’est mon plus grand regret de junk food qu’ils ne soient plus en France.
    Beau compte rendu.
    Ca fait envie, il faudra quand même qu’on y aille un jour, c’est la porte à côté maintenant.

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  6. J’ai été agréablement surpris de la réduction du temps de trajet par rapport à la dernière fois : le train ne roule plus à 20kmh/h sur les lignes anglaises et ça, c’est grâce aux nouveaux rails. Du coup, être à Londres en 2h15, c’est super rapide.

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