Retour à des préoccupations plus terre-à-terre ces derniers jours : tout d’abord, taille des haies du jardin de mes parents.
Un jour j’ai eu la mauvaise idée d’accepter de tailler les haies. On m’a félicité pour mon boulot et depuis je suis de service chaque année, deux fois par an.
Hé oui, mais bon j’aime bien ça : on prend l’air, on se dépense un peu et on a le plaisir de discuter avec des voisins que l’on ne voit jamais d’habitude.
C’est un truc qui m’épate à chaque fois : dès que vous manipulez un objet tranchant genre cisaille, scie ou tronçonneuse, il y a toujours quelqu’un qui veut vous parler à ce moment-là. Toujours.
C’est à croire qu’ils se réservent toute l’année pour vous parler lorsque vous montez sur votre escabeau branlant, coupe-coupe à la main. Il existe alors deux types de dialogues différents, selon qu’ils sont voisines (féminin) ou voisins (masculin).
Les voisines ne sont généralement pas exubérantes : elles vous saluent d’un grand sourire et vous font un petit geste de la main et ce, à n’importe quel âge. Vous pouvez également sentir leur regard évaluateur alors que vous manipulez l’accessoire d’une main experte, torse nu lorsqu’il fait beau.
Et vous pensez alors aux remontrances que leurs maris vont se prendre en rentrant parce que leurs haies ne sont toujours pas taillées…
Cela peut sembler idiot mais c’est généralement lorsqu’on leur rend leur salut que le pied gauche de l’escabeau s’enfonce tout à coup de 20 centimètres en terre, provoquant une disparition soudaine du tailleur et une bordée de jurons étouffés par les feuillages. C’est ce que j’appelle communément le salut soft.
Alors – évidemment – si vous avez le salut soft d’un côté, on s’attend au salut hard de l’autre, c’est celui de mes voisins. Vous commencez à couper et ils apparaissent comme des lemmings.
Trois cas de figure : certains vous atomisent le tympan droit d’un puissant et jovial “alors ? y’en avait besoin hein !!!”. Toujours agréable venant du seul voisin qui n’a pas coupé ses haies depuis 3 ans… mais passons.
D’autres vous regardent avec envie : ils payent des gens pour le faire alors que vous le faîtes à la sueur de votre front.
Enfin, le dernier cas : le voisin qui vous assène la même blague depuis 12 ans déjà : “dès que t’as fini, tu attaques les miennes !”. Haha.
Oui, j’aime couper les haies : j’absorbe toute la vie du quartier juste deux fois par an – pour information, on coupe toujours dans les mois en A : avril et août – et mes bras arborent de jolies couleurs, rappelant un junkie en manque : tout cela me suffit amplement ;-)