Il y a des jours où je me demande qui de mes élèves ou de mes collègues remporte la palme de la bêtise.
Et puis il y a des jours où la question ne se pose même pas. Comme aujourd’hui par exemple.
Il y a des jours où je me demande qui de mes élèves ou de mes collègues remporte la palme de la bêtise.
Et puis il y a des jours où la question ne se pose même pas. Comme aujourd’hui par exemple.
Deuxième rentrée de l’année aujourd’hui : je suis revenu sur Paris mardi, histoire d’avoir le temps de faire mes courses pour remplir mon frigo pour la semaine et me mettre à mes corrections de tests.
J’avais fait le malin devant mes élèves en disant que si eux avaient des devoirs, les profs eux avaient des devoirs à corriger. Mieux vaut tenir ses engagements !
Source : xkcd
Je vais bien voir s’ils ont fait leurs devoirs tout à l’heure… fun times ahead !
Quatre semaines. C’est à peu près ce qu’un professeur de ZEP tient avant de pousser une gueulante dans ses classes pour toutes les choses qui devraient aller mais qui ne vont pas dans le sens du cours. On lève la main avant de parler. On fait ses devoirs. On rend les devoirs en temps et en heure. On n’insulte pas ses camarades.
Au bout de trois semaines, voici ce que l’on se surprend à chantonner tout en montant les escaliers qui mènent à la salle de cours :
Caesars Palace – Jerk It OutWind me up
Put me down
Start me off and watch me go
I’ll be running circles around you sooner than you know
A little off center and I’m out of tune
Just kickin this can along the avenue
But I’m alright‘Coz it’s easy once you know how it’s done
You can’t stop now it’s already begun
You feel it… running through your bonesAnd you jerk it out
You jerk it outShut up
Hush your mouth
Can’t you hear you talk too loud?
No, I can’t hear nothing ’cause I got my head up in the clouds
I bite off anything that I can chew
I’m chasing cars up and down the avenue
But that’s okay‘Coz it’s easy once you know how it’s done
You can’t stop now it’s already begun
You feel it… running through your bonesAnd you jerk it out
Jerk it out
Premier dialogue de cette nouvelle année scolaire : je vais chercher mes élèves de cinquième et les salue comme d’habitude en anglais.
M : Good afternoon !
– Good afternoon teacher !
– M’sieur vous allez nous parler anglais ?M : Yes pal, obviously !
– Ah ouais… mais on f’zait pas ça l’année dernière hein…
– C’est clair M’sieur, Madame XYZ elle nous parlait pas en anglais…M : Well, time for a change people !
Allez, on se motive un peu ! Retour au collège demain vers 8h30, on commence à farfouiller un peu dans les préparations de cours de l’année dernière, en faisant le tri de ce qui peut être réutilisé… j’y ajoute une petite vidéo subliminale inspirée de la méthode Coué :
L’avantage des vacances d’été, c’est que l’on retrouve des gens que l’on n’a pas vu le reste de l’année – ou même depuis plusieurs années.
C’est l’occasion de faire le point, de demander comment vont les enfants, de savoir qui fait quoi.
On éprouve finalement le besoin de combler le vide entre le moment où on les a vus pour la dernière fois et le moment présent. C’est un rituel qui opère chaque année, un peu comme le barbecue que l’on dépoussière.
Il y a pourtant des choses qui étonnent, comme les parcours scolaires par exemple.
Et bien voilà que se termine ma première année en ZEP 93. Histoire de passer de bonnes vacances et d’envisager l’année prochaine avec plus de sérénité, je crois qu’il est l’heure de dresser un petit bilan.
L’une des plus grandes craintes lorsque l’on est affecté dans l’académie de Créteil, c’est de se retrouver en Seine St Denis, dans le fameux “neuf trois”.
Et bien pour y avoir vécu un an maintenant, ce n’est pas ce qu’on nous bassine à longueur de journée dans la presse ou dans les média.
Tout n’est pas rose (gris plutôt avec tout le béton environnant) mais ce n’est pas non plus le bagne. Le truc, c’est qu’il y a plus de monde qu’ailleurs : la densité de population nationale est de 105 habitants/km² – en Seine St Denis elle est de 5855 habitants/km².
Pas de moyens ! Oubliez tous vos référentiels antérieurs lorsque vous entrez au collège (du moins dans le mien) : pas de rétroprojecteur, des tableaux à craies, une télévision par étage, des tables mouillées parce qu’il a plu la veille, des tags et dégradations ponctuelles… ne comptez pas trop sur l’équipement.
Les manuels que j’ai utilisé cette année (New Apple Pie 5è) datent de 1992. J’ai moi-même appris sur ce même manuel…
C’est une étrange sensation de revoir les mêmes images et textes d’il y a 15 ans !
Qui dit collège ZEP-APV ex-PEPIV sous-entend implicitement qu’on ne va pas rigoler tous les jours avec les élèves. Ce n’est pas faux.
La majeure partie d’une classe ne connaît pas les règles élémentaires de politesse : lever la main, attendre qu’on leur donne la parole, ne pas jeter d’objets à travers la classe, ne pas insulter ses camarades, ne pas oublier le vouvoiement de rigueur… ils ne connaissent pas cela donc il faut les cadrer d’entrée de jeu.
Une fois que le dressage est accompli (comptez plusieurs semaines, jusqu’à la Toussaint voire après) vous pouvez avoir un semblant de cours correct. Ils vous le feront payer cher le cours d’après d’ailleurs. Déroutant.
Certains élèves sont ultra-scolaires (ils apprennent par coeur, sans grand discernement), d’autres sont là parce qu’il n’y avait rien d’intéressant à la télévision ce jour-là.
Le silence de cathédrale est devenue une légende urbaine et il faut apprendre à composer avec un léger bruit de fond. Déroutant au prime abord.
Il faut avoir un système de punition cohérent et juste : verbes à conjuguer, mots dans le carnet, colles… Les verbes à conjuguer sont très efficaces : une fois qu’ils ont fait quelques verbes aux 8 temps de l’indicatif, ils se tiennent déjà mieux.
Ne pas relâcher la bride avant Noël. Je l’ai appris à mes dépends cette année : il faut exiger et ne rien céder. La classe est un territoire à défendre.
A part cela, on a des élèves absolument attachants, du genre qu’on n’oubliera jamais. Ils sont plus éveillés que dans certaines zones rurales de province et assez dynamiques.
Par contre, le travail à la maison pêche beaucoup parce que très peu ont des parents qui surveillent ce qu’ils font. Beaucoup sont livrés à eux-mêmes donc le travail doit être effectué en classe et là leçon apprise lors du cours.
On parle souvent de l’esprit d’équipe et de la solidarité qui existe entre les collègues. Sachez que c’est tout à fait justifié : vous trouverez toujours une oreille attentive pour partager votre frustration ou votre abattement et vous donner quelques conseils.
Bonne ambiance dans la salle des profs, de toute façon tout le monde est confronté aux mêmes situations à un moment ou un autre donc à force, on finit par voir tout l’éventail d’attitudes et de comportements.
Cela aide quand même pas mal d’avoir de bons collègues.
Ce sont les dernières heures de cours et tout le monde a besoin de vacances visiblement…
Classe de 3ème. 5 élèves présents.
M : How do you call the first inhabitants of Australia ?
– Ah je sais m’sieur !!! C’est les Mérovingiens !!!
* Teacher tries to kill himself.
Pour rappel, les Mérovingiens constituèrent la première dynastie qui régna sur la majorité des territoires français et belge, du Ve siècle jusqu’au VIIIe siècle , immédiatement après l’occupation romaine de la Gaule. Ils sont issus des Francs saliens qui étaient établis au Ve siècle dans les régions de Cambrai (Clodion le Chevelu) et de Tournai, en Belgique (Childéric). Le nom mérovingien provient du roi Mérovée, ancêtre légendaire de Clovis.
Je viens de regarder The History Boys et je dois dire que je suis tombé sous le charme : c’est un film dans la même veine que Le cercle des poètes disparus mais en moins tragique, avec une atmosphère moins chargée.
Le film raconte la vie d’un groupe d’élèves au lycée de Cutler, dans le nord de l’Angleterre au début des années 1980.
Grâce à leurs excellents résultats en Histoire, Akthar, Crowther, Dakin, Lockwood, Posner, Rudge, Scripps et Timms sont l’objet de toutes les attentions du directeur de l’école qui compte bien les faire intégrer Oxford ou Cambridge.
Pour augmenter leurs chances de réussite, le directeur recrute Irwin avec pour mission d’entraîner ces élèves d’exception aux concours qui les attendent.
L’histoire tourne autour de la pression de l’examen, du contenu des cours de leur professeur de littérature qui sont tout bonnement délirants (scènes de théâtre déjantées, déclarations d’amour avec accompagnements au piano et cigarette à la main…) et de l’homosexualité ou attirance latente de la part des professeurs comme des élèves.
Le rythme est enlevé et il est très agréable de voir ces lycéens évoluer jusqu’à l’examen. J’ai particulièrement aimé le respect des élèves vis à vis de leurs professeurs, leur aisance face aux tâches proposées et l’écoute des autres… cela laisse rêveur !
Je me suis également rendu compte que j’avais eu les mêmes professeurs : le professeur de littérature ressemble physiquement et a les mêmes accents de voix que notre professeur de civilisation à la fac et la professeur d’histoire ressemble trait pour trait à une de mes anciennes collègues britanniques. C’est assez étonnant !
Je vous le recommande en VO, les passages en français sont tout simplement délicieux.
Un joli clip qui se termine avec un message écologique fort. Par contre, pas grande créativité au niveau de la musique puisque c’est un remix de Pink Floyd.
Dommage, l’original est bien mieux interprété mais on peut voir cette reprise comme un tribute. Pink Floyd restera toujours Pink Floyd, influençant des générations depuis 1965.
Ps : la mode est au parkour en ce moment !
On en voit fleurir partout, même dans le dernier James Bond.