Voici la sixième journée de notre voyage en Sicile.
Aujourd’hui, nous devons partir d’Agrigente et prendre la direction du nord de la Sicile, pour remonter vers Palerme car notre vol de retour est dans deux jours.
Deux solutions s’offrent à nous : soit nous reprenons le chemin que nous avons déjà pris (retour via Mazara del Vallo), soit nous passons par le centre de la Sicile (via Enna).
C’est la seconde solution que nous choisissons, d’autant que nous avons repéré sur la carte une étape intéressante : les vestiges d’une villa romaine découverte il y a peu, mais déjà réputée pour ses mosaïques.
La villa romaine du Casale
La villa romaine du Casale est une villa située près de la ville de Piazza Armerina, au sud de la Sicile, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Sa construction a débuté à la fin du IIIème siècle. Elle compte une trentaine de pièces décorées de mosaïques. Elle fut occupée jusqu’en 1160 lorsqu’elle fut ravagée par un incendie et disparut sous un glissement de terrain. C’est ce qui a permis de la retrouver quasi intacte quelques siècles plus tard.
Le site fut découvert en 1812 mais il fallut attendre 1929 pour débuter les fouilles et mettre au jour la première mosaïque (Travaux d’Hercule). La fin des restaurations date de 1954.
La villa fut longtemps attribuée à Maximien Herculeus, associé de Dioclétien dans la Tétrarchie. Il est aujourd’hui admis que son commanditaire devait être un riche romain dont le nom reste inconnu.
On reconnaît l’aisance financière du propriétaire de la villa aux mosaïques qui ornent les sols : les services d’un artiste étaient très onéreux dans l’Antiquité. De plus, il s’était même fait construire des thermes privés. Ils constituent la première étape de notre visite.
Les thermes étaient alimentés en eau par un aqueduc et constitués de salles différentes : un frigidarium, qui, comme son nom l’indique, contenait de l’eau froide. Son plan est circulaire et il est orné d’une mosaïque représentant une scène marine. Une autre salle appelée tepidarium contenait un bain dont l’eau était tiède.
Deux salles étaient réservées aux bains chauds: c’est le système très élaboré de l’hypocauste qui permettait de chauffer l’eau. Il est encore visible aujourd’hui, et reconnaissable aux petits monticules de briquettes, permettant de faire circuler la chaleur de façon uniforme sous la cuve contenant l’eau du bain.
Les thermes de ce riche romain étaient aussi constitués d’une salle de repos. La mosaïque qui l’orne indique la fonction de cette salle : sur le sol, est en effet représenté un strigile. Il s’agit d’un outil que les romains utilisaient avec de l’huile de façon à ôter les peaux mortes et se gommer le corps. C’est en quelque sorte l’ancêtre de nos gels douche exfoliants.
Nous entrons ensuite dans la villa. Puisque les mosaïques ornent les sols, ont été aménagées des coursives placées en hauteur qui définissent un parcours pour les visiteurs. L’ensemble, recouvert d’un toit, permet de surplomber les oeuvres d’art sans les abîmer et protège en plus du soleil.
3 500 m² de mosaïques s’étendent devant nous au fil du parcours. Elles sont toutes superbement bien conservées et sont absolument saisissantes par la vivacité de leurs couleurs. Il est difficile de croire qu’elles ont été créées dix-sept siècles plus tôt !
La technique des artistes nous impressionne: les personnages qui défilent devant nous sont tous très expressifs par leurs gestes ainsi que leurs regards et ils semblent de fait investis d’un souffle de vie.
Nous apprécions particulièrement les scènes de la vie quotidienne telles que les jeunes filles en bikini. Elles sont toutes légèrement vêtues et sont engagées dans diverses représentations sportives : disques, haltères, balles et course.
Rien ou presque ne diffère de notre époque, au point qu’on se croirait un instant sur une plage d’aujourd’hui…
Les scènes de chasse sont aussi passionnantes et nous sommes sidérés par l’exactitude de la représentation des animaux. Des centaines d’espèces différentes sont mises en scènes, et chacune très fidèlement.