Lexique de l’enseignant pour les entretiens avec les parents

Dans un souci d’apaisement et d’évaluation positive de nos très chers apprenants, voici quelques idées d’appréciations qui pourront vous servir lors d’entretiens avec les parents ou lors de la rédaction du bulletin trimestriel.

On ne devrait donc plus dire :

  • un cancre, une croûte, mais “un élève en difficulté”.
  • il est fainéant, mais “il manifeste un léger déficit de motivation induisant une phase de repos intellectuel qui n’est probablement que temporaire”.
  • il est paresseux, mais “il ne présente aucune appétence génétique manifeste pour le travail scolaire et se montre réfractaire à toute dépense d’énergie intempestive”.
  • il a un poil dans la main, mais “ses caractéristiques génétiques l’empêchent de tirer le meilleur parti de tout le potentiel de ses membres supérieurs”.
  • il ne fait rien, mais “on ne trouve nulle trace concrète, ni même virtuelle de son activité débordante, mais sa volonté de bien faire commence à devenir perceptible”.
  • il est nul, mais “les objectifs pédagogiques sont inadaptés à ses potentialités mais sa marge de progression n’en demeure pas moins substantielle”.
  • il est bête, mais “ses connexions cervicales ne sont pas encore toutes assurées mais le processus de réflexion devrait connaître un déblocage imminent”.
  • c’est un abruti, mais “il connaît un épanouissement ralenti, mais certaines lueurs indiquent qu’il ne demande qu’à s’éveiller à la moindre étincelle”.
  • il a des difficultés, mais “il pourrait certainement mieux faire si le contexte s’y prêtait et que les lacunes rédhibitoires ne cessaient de croître de façon exponentielle”.
  • il n’est pas doué, mais “il ne semble pas prédisposé à postuler au passage dans la classe supérieure sans ouvrir ses manuels scolaires et redoubler d’efforts”.
  • il dort en classe, mais “il connaît un léger décalage horaire et son horloge biologique semble réglée sur l’heure estivale de l’hémisphère sud”.
  • il fait des bêtises, mais “son manque de maturité implique des comportements déviants peu propices à maintenir son attention et son sérieux”.
  • il fait le clown, mais “son sens inné de la plaisanterie le conduit à distraire ses camarades et à animer le cours sans se soucier de l’ordre établi”.
  • il monte sur les tables, mais ” il recherche le meilleur point de vue panoramique et tente d’oxygéner d’avantage les cellules de son cerveau afin d’augmenter sa productivité”.
  • il court dans la classe, mais “sa motivation irrépressible à rendre service enrhume un peu ses voisins mais sa vitesse de course fait merveille au cours de gym”.
  • il ennuie les autres, mais “son esprit taquin et joueur retarde son intégration et provoque une pénurie dans l’armoire pharmaceutique de l’école”.
  • il est violent, mais “son instinct possessif et revendicatif le pousse à des actes impulsifs qu’il regrette immédiatement malgré ses récidives chroniques”.
  • il est détesté, mais “sa capacité impulsive aboutit à un manque de popularité et à un isolement regrettable qui l’empêchent de se faire délégué”.
  • il est pris en grippe, mais “il est victime d’un déficit affectif de la part du professeur qui ne concentre pas toute l’attention nécessaire à son égo”.
  • il ne sait rien, mais “l’imprégnation cognitive résiduelle n’est pas encore quantifiable mais on constate des progrès méthodologiques dans l’ouverture du cartable”.
  • il ne retient rien, mais “ses capacités mnémotechniques sont encore peu développées en raison d’une carence en phosphore”.
  • il est têtu et borné, mais “il souffre d’un manque de flexibilité intellectuelle et son ouverture d’esprit n’est pas encore optimale”.

Ou comment enrober la chose avec savoir-faire et doigté, tout en faisant passer le message.

A utiliser avec modération, vu que les parents ne sont pas habitués à ce langage quelque peu technocrate.

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Matt

Enseignant-chercheur passionné, Matt Biscay se spécialise dans la littérature et la civilisation anglo-américaine, ainsi que la didactique de l'anglais. Titulaire d'un diplôme de l'Université de Cambridge, il met son expertise au service des étudiants en LLCER anglais.
Ses recherches et son enseignement visent à approfondir la compréhension des cultures anglophones et à développer des approches pédagogiques innovantes. Alliant rigueur académique et ouverture d'esprit, il s'efforce de transmettre non seulement des connaissances, mais aussi une passion pour l'exploration intellectuelle et culturelle du monde anglophone.

6 pensées sur “Lexique de l’enseignant pour les entretiens avec les parents”

  1. Ah ! les délices de l’euphémisme :) Où l’art de manier l’insulte sans être inquiété ?

    Très drôle, en tout cas ;)
    Durablement,
    GreG

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  2. @Julia : c’est curieux, cela ne m’étonne pas !

    @GreG : merci :)
    Ce n’est pas à prendre comme une insulte, c’est plutôt une manière de faire comprendre aux parents que leur délicieuse progéniture n’a pas forcément la même attitude à l’école qu’à la maison !

    @Fanette : ou les pauvres profs, c’est selon !

    Reply

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