Le marché du travail et le chômage

I – Les composantes du marché du travail

L’offre de travail (la demande d’emploi) est faite par la population active (cf. démographie, durée des études, départs à la retraite, taux d’activité des femmes, solde migratoire).

La demande de travail (l’offre d’emploi) est faite par les entreprises (cf. croissance : consommation, investissement, exportations).

L’offre et la demande de travail se rencontrent sur le marché du travail.

Mais les offreurs de travail (ou demandeurs d’emploi) ne font pas partie de la population active :

  • les individus qui estiment trop faible leur probabilité de trouver un emploi
  • ceux qui n’ont plus droit aux indemnités de chômage
  • travailleurs au noir

La notion de flexion du taux d’activité est la variation des taux d’activité résultant de la création d’emploi.

En effet, la création d’emploi suscite de la part des personnes inactives l’espoir de trouver un travail : en entrant ou en retournant sur le marché du travail, elles constituent une offre de travail supplémentaire.

Le taux de flexion permet de mesurer la partie cachée du chômage. Exemple : en 1997, il fallait créer 130 emplois pour faire baisser le chômage de 100 personnes.

II – Les mesures du chômage

Un chômeur est une personne sans emploi, disponible pour travailler et à la recherche d’un emploi.

Les mesures :

  • les Demandeurs d’Emploi en Fin de Mois (DEFM) : personnes inscrites à l’ANPE
  • chômage au sens du recensement : effectué par l’INSEE tous les 7 ans
  • chômage au sens du Bureau International du Travail (BIT) : enquête emploi sur 70 000 ménages au mois de mars

Taux de chômage = ( nombre de chômeurs / population active totale ) * 100

Les frontières du chômage sont de plus en plus incertaines, c’est le sous-emploi :

  • Contrats à Durée Déterminée (CDD) et contrats précaires
  • emplois à temps partiel occupés faute de mieux
  • intérim
  • emplois aidés (Contrat Emploi Solidarité : CES)

Ce sont au total 6 millions de personnes qui seraient en quête d’un emploi ou à la recherche d’un autre type d’emploi ou de contrat. 6 millions dont 3 millions de chômeurs et 3 millions de sous-emplois.

Depuis juin 1995, il existe un nouveau mode de calcul du chômage : il y a maintenant deux courbes (pour l’ancien et le nouveau calcul).

Ceux qui travaillent au moins 78 heures par mois sont désormais exclus alors qu’ils étaient inclus auparavant. Fin 1997, il y avait 3 507 800 chômeurs avec l’ancien calcul, 3 027 800 avec le nouveau calcul.

III – Les différentes formes de chômage

A – Selon la nature du chômage

Selon les époques et les pays, le chômage peut prendre des formes différentes.

le chômage conjoncturel est dû au ralentissement de l’activité économique à court terme. C’est le chômage keynésien : une baisse de la demande entraîne un ralentissement de l’activité économique. La demande anticipée des entrepreneurs est insuffisante.

le chômage structurel ou chômage d’adéquation est lié aux changements à long terme intervenus dans les structures démographiques, économiques, sociales et institutionnelles.

Le chômage frictionnel est lié aux délais d’ajustement de la main d’oeuvre d’un emploi à un autre à court terme (absence d’information).

Le chômage saisonnier apparaît lorsque l’activité du salarié fluctue avec les saisons.

Le chômage technique est dû à une interruption du processus technique de production à court terme (pannes, pénuries…).

Le chômage technologique apparaît à la suite d’innovations qui économisent du travail par la substitution du capital au travail (robotisation, informatisation).

Le chômage partiel est dû à la réduction temporaire de l’activité d’une entreprise. Exemple : une entreprise automobile reçoit moins de commandes au mois d’août : les employés travaillent 2 heures de moins par jour. En septembre, ils sont employés à plein temps. Les 2 heures sont payées par les ASSEDICs.

B – Selon le courant de pensée

1 – Pour les libéraux

Le chômage est structurel avec des causes structurelles selon les libéraux :

  • SMIC
  • indemnités chômage
  • syndicats
  • conventions collectives : accord entre syndicats des salariés et les syndicats du patron

Le chômage est aussi frictionnel. Le chômage involontaire n’existe pas.

2 – Pour les keynésiens

Le chômage est conjoncturel :

  • demande anticipée des entrepreneurs insuffisante
  • le chômage peut être involontaire : équilibre de sous-emploi

C – Selon le type de chômeurs

1 – Chômage de conversion

  • progrès technique : restructurations industrielles : licenciement des emplois stables, protégés par les conventions collectives (hausse des indemnités)
  • formation
  • pré-retraite

2 – Chômage répétitif

  • succession de périodes courtes d’emploi et de chômage
  • emplois précaires (faible indemnisation) touchant les jeunes et les femmes

3 – Chômage d’exclusion (long terme)

  • les employeurs sont de plus en plus sélectifs lors de l’embauche
  • exclus : Rmistes, marginaux ou CES
  • couverture sociale nulle
  • travailleurs âgés et jeunes sans qualification

IV – Les causes du chômage en général

1 – Accroissement de la population active

Arrivée de plus en plus nombreuse d’une population en âge de travailler sur le marché du travail

Comportements d’activité (participation accrue des femmes). Note : ce facteur n’explique pas tout.

2 – Affaiblissement de la croissance et de la demande globale depuis le début des années 1970

Baisse de la demande : baisse de la production : baisse de la croissance : baisse de la création d’emploi

En période de crise, un nombre important de personnes désire exercer une activité professionnelle (un conjoint par exemple)

3 – Concurrence

  • adaptation de l’appareil de production aux nouvelles conditions de production et de concurrence
  • investissement de modernisation, investissement de productivité
  • délocalisation
  • restructuration
  • déclin des grands secteurs d’activité
  • croissance intensive : productivité. (Note : croissance extensive : produire plus avec plus d’hommes)

NB : pour qu’une économie crée des emplois, il faut que le rythme de la croissance économique soit supérieur au rythme de la productivité.

4 – Les politiques économiques adoptées par le gouvernement

Politique de lutte contre l’inflation : politique monétaire restrictive : hausse des taux d’intérêt : baisse de la demande de crédits : baisse de l’investissement et baisse de la consommation : baisse de la production : destruction d’emplois.

Politique de flexibilité : emplois précaires : chômage répétitif.

5 – Le problème de la qualification

L’appareil de formation n’est pas toujours adapté aux besoins de l’économie.

Le système est trop centré sur l’enseignement général.

Les professions ne cessent de se transformer et de modifier les qualifications.

6 – Accélération du progrès technique et du machinisme

7 – L’incertitude

Les entreprises ne croient plus à la croissance durable.

8 – La plus grande sélection des employeurs

Chômage d’exclusion.

9 – Les indemnités de chômage

Point de vue des libéraux.

V – Les indemnités de chômage

Il existe 2 régimes de chômage :

Le régime d’assurance chômage, financé par les cotisations des salariés et des employeurs, géré par l’UNEDIC (Association Nationale pour l’Emploi dans l’Industrie et le Commerce) et les ASSEDICs. Versement de l’Assurance Unique Dégressive (AUD).

Le régime de solidarité, financé par l’Etat et les fonctionnaires, géré par l’Etat. Versement de l’Allocation de Solidarité Spécifique (ASS) pour les chômeurs longue durée.

VI – Les conséquences du chômage

1 – pour le chômeur

Conséquences économiques :

  • difficultés matérielles
  • surendettement
  • diminution du revenu
  • frais de déplacement
  • téléphone, journaux, timbres…

Conséquences sociales :

  • difficultés morales : dignité
  • regard des autres
  • perte de repères, d’expérience
  • chômage : facteur d’exclusion qui affaiblit le lien social
  • divorce
  • repli, suicide
  • démarche d’inscription à l’ANPE

2 – pour l’entreprise

Les employeurs ont le choix de la main d’oeuvre moins chère.

Les cotisations augmentent, il faut indemniser les chômeurs car sinon baisse de la demande : baisse de la consommation : baisse de la production.

3 – pour le salarié

  • les cotisations des salariés augmentent
  • crainte d’être licencié
  • multiplication des emplois précaires
  • les salaires n’augmentent plus aussi vite qu’avant

4 – pour l’Etat

  • financement de l’ASS (Allocation de Solidarité Spécifique)
  • manque à gagner par l’exonération des entreprises
  • les plans emplois coûtent cher (stages, formations…)
  • développement du travail au noir

5 – pour la région

  • exode

A cause de l’importance du chômage ces dernières années, les organisations humanitaires ont pris beaucoup d’importance.

VII – Les analyses théoriques du chômage

A – Le chômage libéral

Le marché du travail :

  • est analogue au marché des produits
  • lieu de rencontre entre des demandeurs d’emploi (offreurs de travail) et des offreurs d’emploi (demandeurs de travail)
  • lieu d’échange de marchandises
  • situation de concurrence pure et parfaite : autorégulation par le marché
  • la confrontation entre offreurs et demandeurs permet d’établir l’équilibre (l’emploi et le salaire ; la quantité et le prix) : objectif : plein emploi
  • pour que cet équilibre se réalise, il faut la flexibilité des salaires

Le chômage

Si toutes les conditions de fonctionnement sont réunies (concurrence pure et parfaite), l’équilibre sur le marché du travail est automatiquement réalisé.

Mais il y a des éléments externes qui perturbent cet équilibre : SMIC, syndicats, l’Etat, les réglementations et les institutions.

Seuls demeurent au chômage les personnes qui ont des exigences excessives. Les libéraux admettent aussi le chômage frictionnel.

Les mécanismes du marché du travail

La demande d’emploi est fonction croissante du salaire. L’offre d’emploi est fonction décroissante du salaire.

Les salariés comparent le salaire au coût de l’effort : c’est la désutilité marginale. Les entreprises comparent le coût salarial à la rentabilité : c’est la productivité marginale.

Le salaire d’équilibre permet de fixer le niveau de l’emploi. Les libéraux sont donc pour une plus grande flexibilité du marché du travail.

Il faut donc mettre fin à l’intervention de l’Etat : l’entreprise doit détenir la position centrale sur ce marché. C’est la rigidité des salaires et leur niveau trop élevé qui sont responsables du chômage.

B – Le chômage keynésien

Critique

Les keynésien critiquent les libéraux sur 2 points :

  • les travailleurs ne peuvent pas se montrer exigeant (sur les salaires en période de crise par exemple)
  • une baisse des salaires implique un baisse de la demande donc une baisse de la production donc une destruction d’emplois

Le marché du travail

Ce n’est pas un marché et le travail n’est pas une marchandise.

Comment se détermine l’emploi ?

Pour les keynésiens, l’emploi n’est pas déterminé par le salaire mais par la demande anticipée des entrepreneurs : la demande effective. En effet, les entreprises n’embauchent pas s’il n’y a pas de débouchés.

17_emploi

Le chômage

L’équilibre se réalise en fonction de la demande : une partie de la population peut donc se retrouver au chômage involontaire. Keynes parle d’équilibre de sous-emploi.

Qui peut intervenir pour relancer la demande ?

L’Etat peut intervenir pour essayer d’atteindre le plein emploi (politique de relance) :

  • hausse de la demande : baisse des impôts, hausse du SMIC, hausse des revenus de transfert, hausse des indemnités de chômage
  • hausse de l’investissement : baisse des taux d’intérêt (mesure d’accompagnement), investissement public (politique de grands travaux)

C – L’analyse Marxiste

Les marxistes critiquent le système capitaliste

Marx voit dans le chômage le mécanisme qui permet de “pousser les salaires vers le bas” et de dégager un profit. Il désigne les chômeurs par “l’armée de réserve industrielle”.

En effet, leur présence sert à maintenir à bas niveau les salaires des personnes qui travaillent. En réalité, disent les marxistes, le plein emploi élèverait les salaires et les profits baisseraient.

Explications

Plus-value : différence entre la valeur créée par la force de travail et le rémunération de cette force de travail. Elle est prélevée par la bourgeoisie et traduit l’exploitation du prolétariat par la bourgeoisie.

Capital constant : part du capital disponible qui permet d’acquérir des machines, des bâtiments, des matières premières, des terrains…

Capital variable : part du capital disponible qui sert à rémunérer la force de travail.

Seul le facteur travail permet de réaliser une plus-value. Dans le système capitaliste, il faut :

  • concurrence
  • innovation : nécessite des moyens de financement : il faut faire des profits : économiser le facteur travail. Si la main d’oeuvre est bon marché, la plus-value sur le facteur travail est souhaitable pour les capitalistes (car le coût du capital constant est élevé).

Solution

Changer le système.

D – Faut-il baisser le coût du travail pour créer des emplois ?

1 – La baisse du coût du travail peut être une solution au problème de l’emploi

Cette baisse du coût du travail est justifiée théoriquement selon l’analyse libérale : c’est la rigidité des salaires qui entraîne le chômage.

Cette politique s’est montrée très efficace dans certains pays (USA – GB) mais cette thèse doit être nuancée : c’est une des explications, pas la seule.

La productivité marginale ou le rendement d’un salarié

Dans sa décision d’embauche, l’employeur compare ce qu’une heure de travail supplémentaire rapporte (productivité marginale) par rapport à son coût (coût du travail).

La productivité ou le rendement d’un salarié peu ou pas qualifié est faible donc le coût du travail doit être également faible.

Le SMIC est destructeur d’emploi parce qu’il est supérieur à la productivité de certains salariés (peu qualifiés). Il coûte trop cher par rapport aux richesses qu’il peut créer. Le SMIC pénalise les moins rentables : la baisse des salaires semble justifiée pour les personnes peu qualifiées.

La mondialisation et la concurrence

Qui dit mondialisation dit concurrence : il faut améliorer la compétitivité des entreprises afin de baisser les prix, baisser le coût du travail, augmenter la demande, augmenter la production et créer des emplois.

La faiblesse du coût du travail dans certaines régions du monde pénalise les pays où le coût de la main d’oeuvre est plus élevée.

Une baisse du coût du travail permettrait donc d’éviter la délocalisation. C’est un des arguments de la politique de désinflation compétitive.

2 – les limites de cette politique de baisse des salaires

Cette mesure est insuffisante : il faut tenir compte d’autres facteurs tels que l’employabilité de la main d’oeuvre (probabilité de trouver un emploi).

La création d’emploi dépend aussi de la demande anticipée (Keynes).

La suppression du SMIC est-elle nécessaire ?

Le SMIC est un instrument de régulation de la demande. Sa suppression aurait un impact négatif sur la consommation. En période de chômage, les employeurs sont en position de force sur le marché du travail.

Le SMIC joue le rôle d’amortisseur en limitant la baisse des salaires et est une conception de justice sociale : il augmente avec l’inflation. Cela permet à tous les salariés de participer aux fruits de la croissance.

La baisse du coût du travail peut aussi reposer sur la baisse des cotisation sociales

Coût salarial = salaires + charges sociales.
La baisse des charges sociales a été adoptée par l’Union Européenne, surtout la baisse des charges sociales des employeurs. Le risque est le déficit de la sécurité sociale. Cette stratégie est indissociable d’une réforme de l’Etat providence qui se heurte au vieillissement de la population.

Le dualisme du marché du travail tend à créer une société à deux vitesses.

VIII – La flexibilité du travail

A – Flexibilité

Ensemble des moyens permettant à l’entreprise d’adapter son organisation productives aux évolutions économiques. La flexibilité s’oppose à la rigidité et aux contraintes : c’est la souplesse d’utilisation du travail salarié.

B – Les différentes formes de travail salarié

  • adapter les emplois : emplois précaires, CDD, intérim
  • adapter les salaire : les salaires varient en fonction de la conjoncture
  • adapter les horaires : horaires variables
  • adapter la réglementation : droit du travail plus souple, licenciements plus faciles, contrats moins stricts, moins d’indemnités de chômage
  • adapter les équipements : ateliers flexibles
  • adapter les travailleurs : polyvalence des ouvriers : adapter les qualifications
  • adapter les entreprises : sous-traitance

La flexibilité est une politique libérale.

C – Les 5 variantes de la flexibilité

1 – Flexibilités externes

La flexibilité quantitative externe : consiste à faire évoluer le nombre de salariés de l’entreprise en fonction des besoins. La conséquence est la segmentation du marché du travail.

Cette méthode présente le risque de créer une société à deux vitesses avec l’ affaiblissement des qualifications (CDD, intérim, temps partiel subi, réglementation souple).

L’externalisation : amène à confier à d’autres entreprises ou à des personnes indépendantes une part variable de l’activité en fonction de la conjoncture (sous-traitance).

2 – Flexibilités internes

Utilisation des salariés déjà présents dans l’entreprise.

La flexibilité quantitative interne : permet de faire varier le nombre d’heures de travail sans modifier le nombre de salariés (de temps plein à temps partiel, heures supplémentaires).

La flexibilité fonctionnelle : s’emploie à changer les affectations des travailleurs et repose sur leur polyvalence (ateliers flexibles, mobilité géographique temporaire).

La flexibilité salariale : consiste à adapter le coût du travail au salaire.

D – Pourquoi cette recherche de la flexibilité ?

A cause des conditions nouvelles de l’économie : le contexte économique actuel est bien différent de celui des 30 Glorieuses.

Lors des 30 Glorieuses (bonne conjoncture) , le marché du travail était rigide (CDI) avec un besoin de main d’oeuvre, moins de concurrence et une réglementation stricte (licenciements difficiles).

Aujourd’hui (crise), le marché du travail est plus flexible (CDD) avec des périodes de chômage, une concurrence accrue à cause de la mondialisation et une réglementation plus souple (emplois précaires).

La revendication majeure des employeurs

Ils réclament plus de souplesse car ils considèrent que la rigidité est un obstacle à l’embauche. Ils veulent alléger toutes les contraintes du marché du travail (contraintes financières, administratives, juridiques). C’est une remise en cause du cadre institutionnel d’utilisation du travail.

L’incapacité des politiques keynésiennes à résoudre le problème de l’emploi

Les années 1970 sont marquées par les politiques keynésiennes de relance par la demande. Le partage de la valeur ajoutée (VA) est favorable aux salariés mais ne favorise pas beaucoup la création d’emplois.

Les années 1980 marquent le pas des politiques libérales : la loi de l’offre et de la demande sur le marché du travail.

Note : l’adoption des politiques libérales a été possible grâce à la baisse d’influence des syndicats.

Les économies de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE, le club des pays riches) voient les avantages de la flexibilité

La flexibilité aboutit à la baisse du coût du travail. Le but de cette flexibilité est la rentabilité.

E – La segmentation du marché du travail

C’est la division du marché du travail en plusieurs sous-marchés sur lesquels les emplois aussi bien que les travailleurs présentent des caractéristiques distinctes.

Le marché du travail n’est pas homogène : il existe des marchés du travail. Cette segmentation entraîne des inégalités d’accès au marché du travail et place certains travailleurs dans une situation privilégiée par rapport à d’autres.

F – Le dualisme

Le dualisme a été mis en évidence en 1970 par Piore et Doeringer : le système économique est structuré par la coexistence d’un secteur central monopoliste (grosses entreprises) et d’un secteur périphérique (petites unités).

Ce premier dualisme en entraîne un second sur le marché du travail : à un secteur primaire, correspondant aux emplois mieux payés, mieux qualifiés et plus stables, s’oppose un marché secondaire, correspondant aux emplois moins payés et plus précaires.

On aboutit donc à une société à 2 vitesses :

  • les travailleurs intégrés forment un noyau dur : assurance de l’emploi
  • les travailleurs marginalisés restent à la périphérie : assurance de la précarité.

IX – Conséquences de la flexibilité en général

A – Conséquences positives

La flexibilité permet de lutter contre le chômage (selon les libéraux) avec un assouplissement des conditions d’utilisation de la main d’oeuvre ainsi que des facilités juridiques, financières et administratives destinées à accroître l’embauche, politique monétaire moins stricte. Exemple : les USA : développement d’emplois précaires, salaires faibles, lutte contre le syndicalisme : le chômage a baissé mais la population est découragée.

La flexibilité semble être justifiée par les évolutions rapides de la demande et pour rendre les prestations plus adaptées aux demandes des ménages et des entreprises.

La flexibilité permet aux entreprises de sélectionner les salariés avant de les embaucher définitivement.

Les savoirs-faire évoluent et deviennent vite obsolètes. Les entreprises doivent adopter la flexibilité fonctionnelle car elle repose sur la polyvalence des salariés et sur les nouvelles qualifications, nécessaires pour l’avenir.

La flexibilité permet aux entreprises de suivre l’évolution rapide des techniques avec les ateliers flexibles. Elle permet :

  • aux entreprises de passer un cap difficile
  • de réduire les coûts de l’entreprise
  • de contrôler la main d’oeuvre : syndication plus difficile

La flexibilité peut favoriser en partie les salariés : les emplois aidés ainsi que ceux qui ont une employabilité faible (probabilité de trouver un emploi).

Les jeunes peuvent aussi bénéficier de la multiplication de leurs expériences professionnelles (passage souvent obligé).

La modulation des horaires peut faciliter l’harmonisation de la vie privée et professionnelle.

Les salariés employés en CDD veulent aboutir à un CDI et cherchent à avoir la productivité maximale.

B – Conséquences négatives

L’entreprise perd les effets d’apprentissage qui résultent de l’emploi durable. Le capital humain (ensemble des qualifications que possède un individu) peut s’enrichir avec une présence longue dans l’entreprise. Les effets d’apprentissage sont sources de gains de productivité.

La flexibilité n’incite pas à la productivité (minimum de salaire = minimum d’efforts). Le salarié qui a le sentiment d’être bien traité dans l’entreprise va faire des efforts de productivité : c’est la théorie du salaire d’efficience.

L’incertitude peut donc démotiver un salarié en emploi précaire : l’entreprise ne tient pas compte de la dimension personnelle et sociale du travail.

Les entreprises sont moins poussées à innover. La compétition existe en système capitaliste, or la flexibilité peut nuire à l’innovation : bénéficiant d’une main d’oeuvre peu chère, les entreprises ne remplacent pas les hommes par des machines et l’économie peut être sclérosée par manque de dynamisme.

La diversité des statuts ne favorise pas la coopération entre les employés (baisse du taux de syndication et affaiblissement des mouvements revendicatifs).

La pauvreté et la faiblesse de la demande : les revenus des travailleurs précaires sont faibles : la précarité est source de pauvreté économique et d’exclusion. Même des actifs occupés peuvent vivre en-dessous du seuil de pauvreté. La théorie keynésienne affirme que si les revenus sont faibles, l’investissement est faible car il y a peu de projets.

La segmentation du marché du travail et le dualisme: la rotation d’une partie du personnel pose un problème d’efficacité et de productivité.

La flexibilité met l’employeur en position de force face au salarié, même ceux qui ont un CDI sont pénalisés : les salaires augmentent moins vite.

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Matt

Enseignant-chercheur passionné, Matt Biscay se spécialise dans la littérature et la civilisation anglo-américaine, ainsi que la didactique de l'anglais. Titulaire d'un diplôme de l'Université de Cambridge, il met son expertise au service des étudiants en LLCER anglais. Ses recherches et son enseignement visent à approfondir la compréhension des cultures anglophones et à développer des approches pédagogiques innovantes. Alliant rigueur académique et ouverture d'esprit, il s'efforce de transmettre non seulement des connaissances, mais aussi une passion pour l'exploration intellectuelle et culturelle du monde anglophone.

36 pensées sur “Le marché du travail et le chômage”

  1. Bonjour a vous Matt,
    Je vous remercie pour votre travail tres complet et reflechi. Par contre je suis moins d’accord avec l’idee que vous avancez lors de votre critique de la flexibilite. “Les entreprises sont moins poussées à innover” Notons le cas de des Etats Unies-d’Amerique ou le marche du travail est tres flexible (notament en terme de salaires) pourtant l’innovation est importante. Il est vrai que l’innovation est peut-etre oriente de maniere differente que dans un pays ou la flexibilite est faible mais cela reste neanmoins de l’innovation. Enfin, c’est comme sa que je le vois. Merci Encore, bonne journee.

    Reply
  2. Bonjour Conor,

    Le cas des USA est un peu à part : ils sont un peu la vitrine du monde et peuvent se permettre d’acheter les cerveaux nécessaires à l’innovation. Autre paramètre à prendre en compte : beaucoup de gens veulent vivre et travailler aux Etats Unis. Une partie de cette main d’œuvre est illégale et fera tout pour faire le travail sans être dénoncée aux autorités.

    L’innovation est toujours là mais pourrait être plus importante si les salaires n’étaient pas tirés vers le bas : les salariés ne sont pas incités à donner plus à leur entreprise si leur salaire est dévalorisé.

    Reply
  3. Bonjour Matt, C’est un travail exceptionnel que vous nous offrez là, merci beaucoup! Je me demandais, en gros, qu’est-ce qu’on doit retenir du chômage du point de vue sociologique uniquement?

    Merci beaucoup

    Samuel

    Reply
  4. Salut Samuel,
    Bien que je ne pretend aucunement approcher de pres ou de loin le niveau de connaissance que Matt a sur ce sujet je pense pouvoir t’apporter un element de reponse.
    D’un point de vue sociologique le chomage est souvent, et notament en France, synonyme d’exclusion social. A deux niveaux:
    -Un chomeur est souvent mal vu de la societe.
    -Le lieu de travail est le vecteur le plus important de relations sociales. La perte d’acces a ce lieu entraine un repli sur soi meme est une extradition de la toile sociale.
    Je pense que toute autre effet decoule de ces deux la.
    J’espere avoir pu t’aider en attendant une reponse plus complete de Matt.

    Reply
  5. Salut,

    @Samuel Fauteux : Conor a déjà répondu à ta question donc je vais juste compléter. La perte d’emploi fait que l’individu perd un de ses groupes de socialisation secondaire : expulsé de l’entreprise, il est fort probable qu’il perde le contact avec ses anciens collègues (surtout si eux restent employés). Le statut social du chômeurt est effectivement perçu comme négatif :l’individu est souvent considéré comme quelqu’un vivant aux crochets de la société par le biais des revenus de transferts et ne voulant pas travailler. Il y a effectivement rupture du lien social.

    Reply
  6. Bonjour Matt,

    je vous remercie pour votre document, il nous a été très utile pour une partie de notre mémoire. Serait-il possible d’avoir votre nom de famille afin que l’on puisse citer ce doc en biblio?? Je vous laisse mon adresse mail : ptit_ange31@hotmail.com. Merci d’avance de votre retour.
    Florence.

    Reply
  7. Merci beaucoup c’est un super document , très complet.
    Mais je ne suis pas trop d’accord par rapport à la modulation des horaires, car j’ai vu le contraire dans mon cours. En effet, la flexibilité quantitative interne , oblige les salariés a suivre les fluctuations de la demande par une variation des horaires, les creux de l’activité d’une entreprises sont compensés par les booms. Alors cela désorganise la vie familiale, plutot que d’harmoniser la vie privée et au travail , non ?

    Reply
  8. merci je suis vraiment content de cet article et ça m’a beaucoup aidé sur mon exposé en introduction à l’économie
    MERCIIIIIII

    Reply
  9. bonjour est ce que vous pouvez me faire un petit résumé sur les politique du chômage dans les pays en développement

    Reply
  10. Je vous remercie pour ce document parce qu’il est très important pour nous.
    J’aimerais aussi avoir la possibilité de consulter d’autres documents sur Keynes
    *************Best regards******************

    Reply
  11. Pour les libéraux, le travail est une marchandise comme les autres. L’offre et la demande vont donc être ajustées. Il ne peut y avoir de chômage INVOLONTAIRE. La fixation du salaire nominal résulte de mécanismes du marché. Alors que pour les Keynésiens, flexibilité et marché n’existent pas. La fixation du salaire nominal ne résulte pas de mécanismes de marché mais de facteurs institutionnels par exemple les conventions collectives (accords de branche en branche pour fixer le montant de salaire en fonction de la grille). Le salaire nominal est INFLEXIBLE à la baisse à cause de la pression des syndicats.

    Reply
    • C’est bien l’inverse : pour les libéraux, le chômage involontaire n’existe pas.

      Les libéraux croient aux mécanismes auto-équilibrants sur le marché du travail. À un moment donné, l’offre et la demande de travail se rencontreront et on parviendra à un équilibre sur le marché. Si le marché du travail n’est pas entravé, le chômage ne peut donc être que volontaire.

      Pour les néoclassiques, le chômage involontaire n’existe pas, seul le chômage volontaire est possible. On dit qu’il y a chômage involontaire quand un agent veut travailler au salaire fixé par le marché mais que son offre ne peut aboutir. A contrario, le chômage volontaire correspond au refus de travailler au salaire d’équilibre car celui-ci ne compenserait pas suffisamment la perte de temps libre.

      Reply
  12. salu matt je voudrais savoir pourquoi le dualisme du marché du travail est-il une réponse à l’incertitude. merci

    Reply
  13. Salut Matt,

    je voudrai te dire un grand merci, j’ai été prise au dépourvu, en effet, je me suis inscrite à des stages facultatifs pendant mes vacances et je pensais que ça allait être sympa, exercices et correction mais finalement ils nous on donné des devoirs à faire et je pensais que j’allais vraiment me prendre la tête à faire ces dissertations et ces questions de synthèse mais tout devient plus clair ici ^^ merci!!!

    C’est un plaisir d’être passé sur ce site!

    Reply
  14. BONJOUR,
    je trouve cet article très intéressant parce qu’il englobe beaucoup de conception ainsi que des courants(marxistes, néo-classiques). je vous remercie infiniment et bonne continuation.
    Mes cordiales salutations

    Reply
  15. Merci Matt, un très bon développement, que pourriez vous recommander comme lecture pour plus d’approfondissement.

    Reply
  16. Je suis très fière de vous pour cet oeuvre d’esprit en vue de prévaloir une meilleur politique d’emploi dans le contexte actuel ou le riche cherche a crasser le plus pauvre pour leur gais.

    Reply

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