I – La société : ses normes et ses valeurs
A – Liens entre valeurs et normes
Les sociétés connaissent une pluralité de valeurs. Le système de valeurs est lié aux normes et ces normes sont indispensables au bon fonctionnement de la société.
La cohérence entre les normes et le système de valeurs n’est pas toujours appliqué : Karl Robert Merton, sociologue américain, considère que la réussite sociale est une valeur partagée par la plupart des Américains aux Etats-Unis.
Cependant, tous n’ont pas les mêmes moyens (normes) pour atteindre cette valeur (utilisation de moyens illégaux : le vol par exemple).
Il existe donc un écart entre valeurs et normes, d’où la nécessité d’un contrôle social.
B – Diversité des normes
1 – les normes explicites : des règles écrites
Règles juridique qui émanent de pouvoirs publics (lois votées par le Parlement).
Règles provenant des institutions privées (règlement intérieur) (Ordre des Médecins : code de déontologie).
Contrats (de vente, de location : bail).
2 – les normes implicites : ne sont pas écrites
Exemple : la conscience professionnelle.
C – La fonction des normes
La norme assure la cohésion sociale. C’est l’expression du pouvoir.
Le pouvoir est la capacité d’un individu ou d’un groupe d’imposer sa volonté à autrui (ex : le pouvoir politique impose des normes juridiques).
Il existe différents lieux de pouvoir ( école, entreprise, associations, famille) et pour exercer un pouvoir et imposer des normes, une institution ou une personne doit mettre en oeuvre différents moyens :
- la légitimité
- l’autorité
- l’influence
- le charisme
- la force
Les 3 premiers moyens sont les ressources du pouvoir.
II – Contrôle social et régulation sociale
A – Définitions
Contrôle social : ensemble des moyens et des ressources par lesquels une société parvient à faire respecter ses normes.
Régulation sociale : ensemble des processus permettant un fonctionnement correct de la société (réduction des conflits).
Le contrôle social s’exprime par 2 types de régulation :
Les régulations externes sont les règles obligatoires s’imposant aux individus en dehors de leur volonté.
Les régulations internes : les hommes réussissent à s’imposer eux-mêmes le maintien d’un minimum de conformité dans leur conduite. C’est l’intériorisation des normes par les membres d’une société. Un individu peut se plier à ces normes en ayant l’impression d’obéir à lui-même.
B – Les différentes attentes
Les attentes nécessaires sont des attentes sanctionnées par une loi ou par tout ce dont dispose la société pour obliger les citoyens à respecter la loi, les gendarmes, le tribunal. Sanctions brutales : un caissier de banque qui tape dans la caisse sera jugé et emprisonné.
Les attentes obligatoires s’exercent au sein d’un groupe social. Les sanctions ne sont pas trop rigides : les membres de ce groupe peuvent plus ou moins se conformer aux règles mais s’ils veulent s’y soustraire, ils peuvent toujours sortir du groupe (ex : Ordre des Médecins).
Les attentes facultatives sont libres et n’entraînent pas de sanctions. Les autres membres du groupe font simplement sentir au contrevenant qu’il agit mal.
C – Les différents types de contrôle social
Le contrôle social informel s’exerce directement entre les membres de la société. C’est le groupe tout entier qui décide des sanctions à appliquer. C’est le contrôle de tous pour tous : réprobation, regard des autres…
Le contrôle social formel est exercé par des institutions spécialisées (police, justice).
Le contrôle social est l’ensemble des moyens formels et informels par lesquels une société s’efforce de faire respecter les normes communes à l’ensemble de ses membres.
D – Récompenses et sanctions
La socialisation des individus n’est pas toujours parfaite. On peut leur infliger des sanctions ou leur attribuer des récompenses. Toutes les sanctions ont un même but : assurer la cohésion sociale.
Le contrôle social s’exerce donc de 2 manières : l’une positive et l’autre négative.
- sanctions positives : prix Nobel, médailles, estime, considération, ovation, sourire…
- sanctions négatives : sanctions formelles (prison, amendes) et sanctions informelles (moquerie, exclusion, rejet).
E – Différents types de sanctions
Il existe 4 types de sanctions.
Les sanctions physiques touchent à l’intégrité physique de la personne (châtiments corporels).
Les sanctions économiques ont généralement des répercussions pécuniaires (salarié trop souvent absent).
Les sanctions sociales émanent d’un groupe qui décide de ne plus adresser la parole à l’un de ses membres qui n’a pas respecté son code de l’honneur (dénonciation)
Les sanctions surnaturelles sont religieuses ou magiques (menace de ne pas accéder au paradis).
III – Les principaux comportements sociaux
A – Le conformisme ou la conformité sociale
Le conformisme se comporte conformément à l’idéal défini par le système culturel. Il respecte les normes du groupe ou de la société et utilise les moyens usuels pour parvenir à ses fins.
Il diffère de l’obéissance. La conformité aux normes peut devenir du ritualisme quand l’individu attache de l’importance aux règles. Le ritualiste utilise les moyens usuels pour atteindre des buts qui ne sont pas toujours les siens mais qu’il adopte par habitude, sans convictions.
Il existe 4 rites, que l’on appelle “les 4 saisons de la vie” :
- le baptême
- la communion
- le mariage
- l’enterrement
B – Les attitudes vis-à-vis du contrôle social selon Karl Robert Merton
Karl Robert Merton distingue 5 grands modes d’adaptation face à la société :
- le conformisme
- le ritualisme
- l’évasion : l’évadé refuse les règles du jeu de la société dans laquelle il vit, il s’évade dans des paradis artificiels, dans le rêve…
- la rébellion : le révolté refuse les buts de la société et utilise les moyens les plus illégaux pour la combattre.
- l’innovation : l’innovateur se donne des objectifs très appréciés par la société mais trouve des moyens peu usuels pour y parvenir.
C – La déviance
Le contrôle social peut aussi échouer totalement ou partiellement. Le déviant est l’individu qui ne respecte pas les normes en vigueur dans un groupe : c’est une infraction aux règles sociales.
La déviance n’est pas une notion juridique mais sociologique : c’est un jugement que porte la société sur une certaine pratique et non une catégorie objective.
La déviance échappe à toute approche statistique car il ne s’agit pas d’un phénomène clairement délimité d’un comportement. Toute société définit sa déviance.
La déviance peut venir de plusieurs facteurs :
- une intégration sociale insuffisante : l’individu ne se conforme pas aux normes de la société parce qu’il existe une faiblesse de ses relations sociales.
- une socialisation incomplète : absence d’intériorisation des normes. L’individu ne ressent pas la contrainte sociale faute d’être inséré dans des institutions.
- une opposition entre 2 cultures : la culture du groupe auquel il appartient est différent de la culture de la société dans laquelle il vit.
- la stigmatisation : étiquetage, on colle des étiquettes à ceux qui sont susceptibles de ne pas s’intégrer au modèle culturel dominant.
- l’anomie : absence de freins moraux, de règles sociales : l’individu perd ses repères. Cette absence peut conduire au suicide. Emile Durkheim appelle cela “le suicide anomique” ou “mal de l’infini”.
D – La délinquance
La délinquance est une infraction aux normes juridiques, c’est donc une notion juridique et pénale. Elle se mesure statistiquement, c’est un phénomène objectif. Les origines sont les mêmes que la déviance.
Karl Robert Merton explique aussi la délinquance par la surintégration : le délinquant a assimilé les normes de la société de consommation mais sans avoir les moyens d’y participer. Il souhaite lui aussi acquérir des biens matériels.
La ville est aussi un terrain propice à la délinquance : plus de magasins, richesse plus visible, relâchement du contrôle social avec l’anonymat.