Le cadre
Une époque lointaine, moyenâgeuse (présence de châteaux) dans une région centrale de la Hongrie aux moeurs si étranges que l’on croit à la métempsycose. (transmigration des âmes d’un corps dans un autre).
Tous ces éléments accentuent le dépaysement et donnent au lecteur le sentiment étrange qu’il est dans un autre monde où tout est possible.
Les personnages
Le Comte Berlifitzing: est à peine évoqué, ce n’est qu’un” vieux radoteur infirme qui n’avait rien de remarquable si ce n’est une antipathie invétérée et folle contre la famille de son rival “ et une passion pour les chevaux et la chasse.
Le Baron Frédérick de Metzengerstein: est décrit comme n’ayant pas dix-huit ans, cruel et débauché. Pour lui, seul compte son rêve fou de puissance et de domination.
Le cheval: est de “couleur feu, sans nom” (d’où un doute sur son identité), ombrageux, intraitable, féroce, démoniaque, colossal, “impétueux, hors nature”.
Il a des performances surnaturelles: “il fait reculer d’horreur la foule” et pâlir son maître devant “l’expression soudaine de son oeil sérieux et quasi humain”.
Il est l’incarnation du mal ou tout simplement du diable, ce qui fascine Frédérick.
Résumé
Deux familles nobles de Hongrie, les Berlifitzing et les Metzengerstein sont opposés par une haine ancestrale et une prédiction mystérieuse :
“Un grand nom tombera d’une chute terrible, quand, comme le cavalier sur son cheval, la mortalité des Metzengerstein triomphera de l’immortalité des Berlifitzing”.
Le jeune baron de Metzengerstein ordonne de mettre le feu aux écuries de son rival le comte Berlifitzing.
Pendant ce temps, il médite devant une tenture de tapisseries représentant des figures fantastiques et est attiré par l’image d’un cheval énorme appartenant à un ancêtre sarrasin de son rival et derrière lui son cavalier mourant sous le poignard d’un Metzengerstein.
Quelques instants plus tard, on lui amène un coursier tout à fait semblable, portant les initiales du comte et qui semble s’être échappé des écuries en feu de Berlifitzing dont on annonce la mort horrible.
Le baron apprend alors que le cheval de la tapisserie a disparu en y laissant un trou. Malgré ce sinistre présage, il entreprend de dompter sa nouvelle monture. Mais la bête farouche le subjugue tellement qu’il ne peut plus se passer d’elle.
Par une fantastique nuit d’orage, la bête l’entraîne dans une course effrénée pour le ramener un peu plus tard dans le brasier de son château qui a pris feu à son tour.
Le récit se termine sur la vision apocalyptique d’une ombre gigantesque en forme de cheval, se déployant dans le ciel au-dessus des ruines, sous les yeux horrifiés des spectateurs impuissants.
Le Fantastique dans Metzengerstein
Todorov définit le Fantastique ainsi: “c’est l’hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles face à un événement en apparence surnaturel”.
Dans Metzengerstein, Edgar Poe essaie de nous prouver qu’il ne croit pas vraiment à la métempsycose : “de ces doctrines elles-mêmes, de leur fausseté ou de leur probabilité, je ne dirai rien” .
Mais son récit nous entraîne, à une époque reculée, dans une région aux moeurs étranges et aux superstitions tenaces.
Edgar Poe nous fait assister à la réincarnation d’un être humain sous la forme animale d’un cheval, réincarnation qui lui permet d’assouvir la vengeance qu’il n’a pas eu le temps d’accomplir avant sa mort.
A ce titre, on peut dire que Metzengerstein est un conte fantastique, voire surnaturel.