Cela devient un peu une institution, voici venu le temps du bilan annuel de l’année scolaire 2011-2012.
Nouveau statut : TZR
L’année dernière, j’ai demandé ma mutation pour l’académie de Nantes après 5 ans de bons et loyaux services en ZEP en Seine St Denis. Je pensais avoir suffisamment de points pour obtenir un poste fixe. Je me trompais : je suis devenu Titulaire en Zone de Remplacement (TZR).
Sous cet acronyme barbare, c’est un véritable changement de statut : vous êtes rattaché administrativement à un établissement dans lequel vous n’enseignez pas forcément et la zone de remplacement s’étend à tout le département (et les départements limitrophes). Vous pouvez enseigner dans plusieurs établissements, avec des remplacements courts ou alors à l’année.
Après 5 ans de ZEP, avouez que c’est un peu la carotte quand même.
Affectations
Pour autant (malgré le statut de TZR), j’ai connu de bons établissements cette année, qui m’ont vraiment changé d’environnement : un collège en plein centre de Nantes et un collège en rase-campagne à l’extérieur de la ville. Le jour et la nuit.
Salles et matériel
Allez, c’est un peu là qu’on voit les différences de dotation des collèges entre les différentes académies : vidéo-prjecteurs dans chaque salle, appel avec l’ordinateur de la classe, tableaux blancs. Le collège du centre avait même des baffles dans le faux-plafond pour diffuser le son correctement dans la salle.
Par contre, aucun des deux n’avait de lecteur CD, ce qui m’a tout bonnement fait halluciner. Du coup, il faut tout passer par MP3 ou XviD. D’un côté, c’est plus pratique puisqu’une clé USB suffit. D’un autre côté, comme les MP3 des méthodes ne sont pas taggués, c’est un peu tangent pour savoir quelle est la bonne piste à passer (surtout quand on zappe une partie du livre).
Étant de passage, je n’ai pas raccroché mes posters rock.
Les élèves
Pendant des années, j’ai pesté en me demandant quel effet cela me ferait d’avoir des “élèves normaux”. J’entends par là des élèves qui viendraient en classe en ayant fait leurs devoirs, qui auraient à coeur de participer, qui seraient aimables… et bien je pense maintenant que c’est une utopie, un idéal que nous aimerions connaître mais qui n’existe pas vraiment. J’ai eu deux collèges, donc deux publics assez différents.
Dans le collège de campagne, j’avais des 5èmes et des 3èmes en cours de conversation anglaise. J’ai bien apprécié les 5èmes, avec qui j’ai fini le livre avec plus d’un mois d’avance (un record). Et la conversation anglaise en demi-groupe avec des élèves que l’on n’a pas en classe normale, c’est plutôt génial. Par contre, ils sont méchamment racistes et ça, c’est quelque chose que je découvre pour la première fois. C’est très choquant.
Dans le collège de centre ville, les élèves de 3ème étaient éduqués pour la plupart, certains savants, d’autres avaient une culture impressionnante, d’autres encore une qualité de réflexion que l’on trouve habituellement en fin de lycée. Les 4èmes ont été les plus agréables que j’ai jamais connu, je les ai eu en groupe de langue et c’était vraiment idéal. Les filles en 6ème ont été les plus infectes par leur mauvaise foi et de méchanceté – à croire qu’ils avaient tout vu, tout connu et que vous aviez probablement tort!
J’ai regretté mes élèves de ZEP, aussi fou que cela puisse paraître. Ces nouveaux élèves (centre-ville surtout) viennent en cours dans une indifférence totale. L’enseignant n’a aucune importance pour eux, tout comme les cours d’ailleurs parce que papa et maman seront toujours là pour eux en cas de nécessité. Lorsque leur attitude est incorrecte et qu’ils dépassent les bornes, ils ne voient pas pourquoi ils devraient présenter des excuses alors que n’importe quel élève de ZEP vient présenter ses excuses de lui-même l’heure d’après.
En fait, je crois que c’est surtout le décalage entre ma vision idéalisée et la réalité qui m’a surpris. Il n’y a pas d’élèves normaux, il n’y a que des élèves qui sont tous différents.
Les collègues
Dois-je le dire ? ILS SONT VIEUX !!! Sans rire, c’est fini la moyenne d’âge des collègues à 30-35 ans? Là, c’est quasiment 20 ans de plus.
En tant que TZR, je n’étais là que la moitié du temps dans chacun des établissements. C’est donc dur de s’investir et de connaître tous les collègues. J’ai principalement sympathisé avec ceux avec qui j’ai des classes en commun ou qui corrigeaient comme moi pendant leurs heures de trou. Dans l’ensemble, pas trop d’intégration quand même, la faute au service partagé.
Le prof
J’ai perdu mon statut de prof superstar et c’est dur de retrouver l’anonymat des premiers jours dans de nouveaux établissements. Tout est à refaire à chaque fois : introduction, règles… bref le dressage habituel mais à partir de zéro, sans la réputation.
D’un autre côté, j’ai eu tous les niveaux collèges (6e, 4e et 3e dans l’un, 5e et 3e dans l’autre). J’ai donc retrouvé des 4èmes pour la première fois depuis 4 ans et j’ai connu mes premiers 6èmes. C’est toujours un plus pour l’expérience.
J’ai été moins exigeant sur la discipline, pensant naïvement qu’il y en aurait moins besoin. Et bien, c’est un piège ! Il faut être aussi strict qu’en ZEP tout en ménageant la sensibilité des élèves (et de leurs parents…). Il faut que je travaille là-dessus.
What’s next?
L’année prochaine, on m’a concocté deux affectations à l’année : un collège et un lycée avec des Premières et des Terminales L… là, ce sera le grand saut dans l’inconnu. D’ailleurs, si un prof de lycée lit ces quelques lignes et souhaite échanger quelques pistes, be my guest !
Je réalise que l’année dernière, j’avais promis la suite des Dialogues ZEP et qu’ils n’ont pas bougé du carton, c’est légèrement inacceptable. Dès que j’emménage dans mon nouveau chez-moi, je les ressors.
Tu vas avoir donc un nouveau chez toi … Bonne nouvelle.
Oui, ça devrait être cool – enfin de quoi ranger toutes mes affaires et suffisamment de jardin pour m’occuper pleinement!