Grotte, caverne, excavation, puits, sape, mine… peu de romans de Jules Verne sont dépourvus de ces basiliques souterraines. Réelles : Fingal du Rayon Vert, le Mammouth du Kentucky au Testament d’un excentrique ; réelles-imaginaires : la nouvelle Aberfoyle dans le texte platonicien des Indes Noires ; parfaitement fantastiques ou creusées de main d’homme : Granite-House, le refuge semi-marin de Nemo, la Columbiad du Gun-Club, l’énorme bouche à feu du Kilimanjaro destinée à redresser l’axe des pôles, l’île évidée de Face au Drapeau, et ainsi de suite.
À ce thème tellurique se mêlent autant qu’on veut les motifs bachelardiens de l’eau et du feu, jusqu’à donner l’image princeps de l’œuvre, savoir Le Volcan. Le monde – au sens géologique – est avant tout (après tout) volcanique, le voyage extraordinaire vers le point sublime est un itinéraire vers un cratère, à partir d’un cratère ou passant par un cratère : voyez Maître Antifer, Le Volcan d’Or, Servadac.
Que trouvent, au pôle, les compagnons du Capitaine Hatteras ? Une île (autre thème majeur) ; au centre de l’île, un volcan ; le point mathématique du pôle est au centre du cratère. De plus, l’idée essentielle de l’Éternel Retour (exprimée dès L’Île Mystérieuse et perpétuée jusqu’à L’Éternel Adam) n’est rendue possible que par des suites de destructions et de palingénésies éruptives. On voit à l’évidence tout ce qu’une critique psychanalytique saurait tirer de là, on le voit trop bien pour qu’on s’y attarde.
Le Voyage au Centre de la Terre est l’ouvrage parfait du complexe d’Empédocle. Sur les traces cryptographiques de l’alchimiste Arne Saknussemm (dont toute l’œuvre est perdue, sauf le message runique), Axel et son oncle pénètrent dans le Yokul du Sneffels, en Islande, pour revenir par le Stromboli : le voyage relie la bouche d’un volcan éteint à un cratère en pleine activité.